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- Le Chat Lettré -
9 juillet 2006

Découverte

"Vouloir décrire des sentiments éprouvés est aussi absurde que de parler de couleurs à un aveugle."

(in Melmoth, l'homme errant; de Charles Robert Maturin)

Je pensais faire une critique, mais je me suis vite aperçu qu'il y a des choses qui doivent faire seules leur chemin...

Je ne vous donne donc qu'une présentation et vous laisse à vos esprits!

Nom: Rinaldo

Prénom: Samuel

Pseudonyme: Kreyoll

Activité:Etudiant en Siences-Politiques

Site internet: http:// kreyoll.over-blog.com

Les textes séléctionnés sont:

A toi mon frère

Aigre est ma couleur, s’enflamme la mélanine,

Nègre est ma douleur, ses paroles se font morphine.

Il ne reste plus que l’encre pour éponger mes pleurs,

Cette « tâche » de votre histoire assombrit mon avenir, j’ai peur.

Des idées nègres plein la tête, je songe à Solitude.

Devrais-je reprendre la lutte d’Ignace contre la servitude?

Renier ma mère ébène pour une fol coche Républicaine?

Éclaircir mon identité pour intégrer ta race humaine?

Car c’est là, la vraie question. A défaut de la mienne tu te voiles la face.

Tu me dis « typé » pour atténuer ma « race ».

Et tu me parles « ethnies » quand tu penses « tribu ».

Tes préjugés me condamnent, et j’en paie le tribut.

Je dois courir, danser, te faire rire pour mon droit d’exister,

Faire taire ma fierté, mon âme et grandir frustré.

J’enrage, mais malgré tout je ne te hais point. Tu es mon frère.

Tu es le descendant de Marianne, et tes pères sont les lumières,

Mes racines sont obscures. Adopté par ta mère, fils d’un père fouettard.

Je suis fils d’esclavage, ma mère est République, et pour toi, mon frère, je ne suis qu’un bâtard.

Un pianiste

C'est le rituel de rasage quotidien, sur fond d'introspection. Célibataire, artiste raté sans enfants. Il aime à se décrire comme « juste une érection qui les rendait heureuses ». Il se voulait lumière, mais il n'est qu'abat jour. Il s'acharne à trouver La partition, et est trop orgueilleux pour renoncer. 

Il refuse de se suicider, il fume et attend que çà passe, que la clope fasse le boulot, il espère que ses doutes se dissiperont en même temps que la fumée. Cette fumée pourtant légère comme le souffle du juste, lui paraissait brouillard dans cette chaude matinée d'été. 

Il étouffe, se lève, la chaleur? Alors pourquoi ce frisson? 

Nostalgie, d'une vie rêvée. Et la radio qui lui rappelle sa médiocrité: « vous avez 40ans, vous vous sentez fatigué, abattu, vous rêvez d'une vie nouv... ». 

D'une pression de l'index il tue cet ersatz de conscience. Silence. 

Un ange trépasse. Un bouton, une gâchette. Quelle différence? Le même résultat: le silence. Il se rase, et la lame lui semble promesse d'un ailleurs meilleur. 

Il s'arrête au niveau du cou. 

La lame, froide comme une exécution, lui semble la plus douce des caresses. 

Il reprend méthodiquement son rasage. Aujourd'hui encore, il vivra. Il veut payer, il doit payer. 

De l'extérieur, cet homme bien sur lui, aux allures ténébreuses qu'ont ces artistes maudits rêvant de romance et d'exaltation; cet homme bien sur lui, pouvait paraître séduisant. 

Un peu nerveux, avec un regard mélancolique. Mais les femmes n'aiment-elles pas les hommes torturés? 

A en croire sa misère affective, non. Des maîtresses? Innombrables. L'Amour? Une chimère. 

Lui qui rêvait de gloire, en guise d'autographes, il signe des bons de livraisons comme autant de testaments.

Çà y est, il est rasé. Il se douche, se touche, se douche. S'habille. 

Son piano l'attend. Pour lui, une plaie réconfortante. Il traverse sa chambre, et la vaste salle à manger. Héritage de ses parents, cet appartement lui apparaît aussi vide que lui est seul. 

Il ne mérite pas ce confort, et il le sait. 

Il s'assoit... 

Les touches de ce piano s'enfoncent comme autant d'épines dans sa mémoire. Un bouton, une gâchette. Les touches de ce piano? Quelle différence? 

Il joue, et c'est la guerre.

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